Nuances de plume

Nuances de plume

Le vœu des mariniers

 

~ Légende rhodanienne ~

 

 

Entre des ribambelles de véhicules qui se succèdent à vive allure et de longs trains de marchandises qui passent dans le fracas métallique de leurs wagons, entre la route longeant la montagne et la voie ferrée côtoyant le fleuve, elle est là, à l’ombre d’un arbre vénérable, dans un petit carré herbeux abrité du nord par un haut mur.

 

Sobre dans son parement de pierres blondes, trapue sous son couvert de tuiles ocres, surmontée d'un simple clocheton au-dessus de la porte, elle est si discrète à la lisière nord du bourg qu’on ne la remarque souvent pas.

 

Il se raconte pourtant parmi les anciens quelque belle légende à son propos… Elle serait en fait l’acte de reconnaissance pour un miracle qui advint il y a bien longtemps en ces lieux… 

 

Un jour, en des temps reculés, des mariniers (*) se trouvèrent en péril sur les eaux tumultueuses du Rhône tout proche. Pris de panique à l’idée d’être engloutis par les flots, ils se mirent à prier la Vierge avec une immense ferveur, qu’Elle veuille bien faire dériver leur bateau vers les berges afin qu’ils échappent à la noyade. Dans leurs suppliques, ils formèrent le vœu de faire bâtir un sanctuaire à l’endroit de la rive où leur embarcation s'échouerait.

 

Ayant touché terre sains et saufs, les bateliers miraculeusement rescapés tinrent leur promesse en faisant construire une petite chapelle qu’ils dédièrent à leur sainte protectrice.

 

Ainsi fut érigée Notre Dame de la Mure, entre le fleuve et la montagne.

 

Si un jour vous passez par ici, regardez attentivement en arrivant à la lisière nord du bourg... Vous la verrez alors, à l’ombre d’un arbre vénérable, sobre dans son parement de pierres blondes, trapue sous son couvert de tuiles ocres, surmontée d’un simple clocheton au-dessus de la porte.

 

De son petit carré herbeux abrité du nord par un haut mur, elle regarde aujourd’hui les ribambelles de véhicules qui se succèdent à vive allure, elle écoute les longs trains de marchandises qui passent dans le fracas métallique de leurs wagons.

 

Puis suivez la petite route qui descend non loin, et vous arriverez au bord du Rhône, à l’endroit où la Vierge fit accoster les bateliers miraculés.

 

 

 

 

(Juillet 2024)

 

 

(*) Le terme “marinier” désigne une personne dont le métier est de piloter des embarcations transportant surtout des marchandises sur les fleuves et les canaux. Un marin d’eau douce, en quelque sorte ! 

 

 

Note contextuelle :

 

Ce texte m’a été inspiré par la légende locale à propos de la chapelle Notre Dame de la Mure, un lieu que j’apprécie particulièrement. J’aime m’y rendre de temps en temps, et bien que l’édifice soit en général fermé, j’aime à me "pauser" un instant sur les marches du socle de l’ancien autel extérieur (aujourd’hui disparu), près de l’entrée, à l’ombre de l’arbre ⛪️🌳

 

Des photos de la chapelle sont à voir dans l’article suivant, intitulé "À la lisière nord du bourg", ou dans la Galerie d’images 📸

 

Ce sanctuaire est situé à Cornas (Ardèche), au nord du bourg, sur la route reliant Saint-Péray à Tournon-sur-Rhône, et abrite notamment une copie de la statue d’une Vierge Noire se trouvant à la cathédrale du Puy-en-Velay (dite Vierge Noire du Puy et réputée miraculeuse).

 

La première mention de l’édifice cornassien remonterait aux alentours de 960. 

La chapelle originelle fut détruite une première fois à l’époque des guerres de religion, vers 1570, et resta en ruines jusqu’à sa reconstruction en 1701, après avoir été attribuée au Collège des Jésuites du Puy-en-Velay (d’où la présence de la copie de la Vierge Noire du Puy).

 

De nouveau détruite au moment de la Révolution Française, elle fut vendue par adjudication comme bien national en 1793 à un particulier qui l’utilisa comme réserve de matériaux de construction, ce qui entraîna la disparition de la toiture, de la porte, des fenêtres ainsi que des pierres de taille. Il n’en resta finalement que les quatre murs.

 

Revendue en 1810, elle retrouva une toiture neuve en 1820 puis des fenêtres et une porte en 1854, avant d’être rendue au culte sur demande de l’évêque de Viviers. Entre 1856 et 1865, ses murs furent restaurés, elle fut agrandie avec l’adjonction d’une abside et d’une sacristie, et la statue de la Vierge Noire, qui avait disparu, fut retrouvée et réinstallée. 

 

La chapelle devint lieu de pèlerinage jusqu’au milieu du 20ème siècle.

En 1940, une fresque imitant la mosaïque et représentant la légende des bateliers du Rhône fut réalisée dans le chœur.

Puis en 1946, des festivités furent organisées à l’occasion du couronnement de la Vierge Noire.

 

Retombant ensuite peu à peu dans l’oubli, la chapelle se dégrada de nouveau jusqu’à ce qu’en 1970, des habitants s’y intéressent et créent une association de sauvegarde pour la restaurer entièrement. 

 

Quant à la légende locale présidant à la construction du sanctuaire, elle raconte que deux mariniers, naviguant sur le Rhône, se trouvèrent en danger de se noyer à cause des eaux turbulentes dans cette zone. Ils prièrent la Vierge Noire du Puy de les sauver, promettant de faire bâtir un sanctuaire s’ils étaient exaucés. C’est donc à l’endroit où leur embarcation toucha la rive qu’ils firent construire la chapelle, et la raison pour laquelle s’y trouve une copie de la Vierge Noire du Puy.

 

En réalité, Notre Dame de la Mure ne se situe pas exactement sur la rive du Rhône, mais un peu plus haut, et se trouve désormais entre une route départementale assez fréquentée et une voie ferrée dévolue aux trains de fret. Et le fleuve est moins turbulent depuis la mise en place de barrages de régulation en amont de Cornas.

 

 

~~~~~~~~~~

 

En découvrir plus via le menu latéral ⬇️

Pour lire mes poèmes ➡️ Au fil des mots

Pour lire ma micropoésie ➡️ Brèves de plume

Pour découvrir mes créations graphiques et photos ➡️ Galerie d’images

Pour découvrir mes micropoèmes sur image ➡️ À l’image des mots

Pour en savoir plus sur ce site et lire ma biographie ➡️ Quoi, qui, comment?

 



28/08/2024
6 Poster un commentaire

A découvrir aussi