Plume au clair
Holà ! Plume au clair, monsieur le poète !
Montrez un peu de quoi votre témérité est faite,
que je vous apprenne ce qu’il peut en coûter
de me tourner en ridicule, de me moquer.
Car vos vers m’ont fait offense, monsieur,
répandant sur moi quelque propos fielleux.
Il me faut donc en demander céans réparation
puisque fut gravement salie ma réputation.
Voyons ce que pèse votre poésie légère
face à ma solide et tranchante rapière
quand, prétendant que les mots sont redoutables,
vous pensez à personne n’en être redevable.
Comment, monsieur ! Vous voilà tout tremblant,
me suppliant de vous épargner sur l’instant ?
Est-ce là le summum de votre courage
de vous montrer si vil devant ma rage ?
À dire vrai j’en suis fort déçu,
ayant de vous plus de verve attendu.
Diantre ! Mais c’est qu’il est blême de peur,
qu’il en perd sa consistance, le rimailleur !
Il ne va quand-même pas tomber en pâmoison
comme délicate demoiselle de bonne maison ?
Si fait, monsieur ! Reprenez promptement vos esprits
et tranquillisez-vous de tout souci.
Je renonce incontinent à vous attaquer
puisqu’à ma clémence vous en appelez.
Sachez que je n’ai point coeur à frapper
un homme qui, comme vous, se traîne à mes pieds
quand, au fond, je n’avais pour toute raison
que de vous infliger une bonne leçon.
Vous voir ainsi dans des affres de frayeur
suffit amplement à laver mon honneur.
Mais, monsieur, tenez-vous-le bien pour dit
que plus jamais sur moi ne médise votre poésie ! (*)
Février 2022
(*) « médire sur » est la forme ancienne de « médire de »
Comme Edmond Rostand le fait dire à Cyrano de Bergerac dans sa célèbre pièce éponyme: " À la fin de l’envoi, je touche."
Ce poème est issu du vif intérêt que je porte à l’histoire (même si je n’y concacre plus autant de temps qu’auparavant) et de mon admiration pour la verve du langage des siècles passés, notamment de la période du règne d’Henri IV à celui de Louis XVI.
La lecture de quelques excellents romans sur cette époque a aussi eu son rôle dans mon inspiration, notamment "Les trois mousquetaires" (et la suite) d’Alexandre Dumas, l’excellente fresque historique en 13 tomes "Fortune de France" de Robert Merle, ainsi que les enquêtes passionnantes de Nicolas Le Floch sous la plume de Jean-François Parot. Et bien évidemment la pièce citée ci-dessus, "Cyrano de Bergerac", que j’ai revue avec plaisir peu de temps avant d’écrire ces vers.
En découvrir plus via le menu latéral ⬇️
Pour lire mes poèmes ➡️ Au fil des mots
Pour lire ma micropoésie ➡️ Brèves de plume
Pour découvrir mes créations graphiques et photos ➡️ Galerie d’images
Pour découvrir mes micropoèmes sur image ➡️ À l’image des mots
Pour en savoir plus sur ce site et lire ma biographie ➡️ Quoi, qui, comment?