Robot humanoïde consommateur
Aujourd’hui, on fait les courses.
En voiture,
direction le temple de la consommation, (*)
zone commerciale Pognon III
à Flouzeville.
Accueillis par la pub dès le parking,
bannières aux nom et couleurs de l’enseigne
flottant au vent,
grands panneaux nous invitant à faire nos achats
ici, et nulle part ailleurs.
Sur le chariot,
l’habituelle affichette publicitaire
pour une marque quelconque.
A l’intérieur,
à peine passés les portillons
et tout le long de l’allée centrale,
bacs, présentoirs et banques réfrigérées
où se bousculent des offres
toutes plus exceptionnelles les unes que les autres.
Dans les têtes de gondoles,
des produits de marque
mis en exergue aux yeux de la clientèle,
attirée par des fanions aux couleurs tapageuses.
Les rayons sont de véritables murailles
d’emballages de toutes les couleurs
où se multiplient les offres limitées
signalées à grands coups de bandeaux rouges.
Dans cette caverne d’Ali Baba
où tout est mis en œuvre
pour nous inciter à l’achat irréfléchi,
le chariot se remplit vite...
et finit par déborder.
Passage en caisse,
montant de la note à trois chiffres.
Après paiement,
une ribambelle de bons de réductions tentatrices
nous incitant à revenir dès les jours suivants.
Morale de cette journée de courses :
robots humanoïdes consommateurs,
achetez !
Dépensez,
et même si cela dépasse vos moyens,
si cela met votre budget dans le rouge,
consommez !
(Janvier 2019) 🪶🛒🛍💸
À l’époque de l’année où les promos et offres de Noël envahissent les hypermarchés, je ressort mon "vieux coup de gueule" contre un modèle économique fondé uniquement sur la surconsommation, car je me demande depuis longtemps si un tel fonctionnement est viable à long terme, alors qu’il semble justement atteindre sa limite... Ceci étant dit, une partie de cette hyperconsommation s’est reportée sur Internet, ce qui ne fait finalement que déplacer le problème... 😏
Plus qu’une véritable réflexion, ce poème est surtout le résultat de mon ressenti personnel quand je fais les courses dans une enseigne au petit oiseau rouge (mais chut, pas de nom... 🤐... 😁).
Entre les périodes de soldes, les promos liées aux événements annuels (tels que Noël, Pâques, et même Halloween) et les offres saisonnières, j’avoue éprouver un certain vertige au milieu de tout le fatras de biens et produits proposés 🤯
Pour être précise, l’élement "déclencheur" de l’inspiration pour ces vers fut un jour où, après paiement en caisse, je me suis retrouvée avec une véritable guirlande de bons de réduction offrant quelques centimes sur tel ou tel produit ou me promettant une petite remise sur mes achats si je revenais faire des courses à telle date (du genre deux jours plus tard). Ce qui m’est d’ailleurs arrivé de nombreuses autres fois, la dernière remontant à très récemment.
(*) expression empruntée à un monsieur de ma connaissance, qui désignait par ces mots un hypermarché de la région parisienne dépassant les 60.000 m² de surface de vente (et atteignant pas loin de 100.000 m² en ajoutant la galerie commerciale allouée à des boutiques)...
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